Summary: | Suite au succès commercial des Mystères de Paris (1842-1843) d’Eugène Sue, les marchés
littéraires de nombreux pays ont été saturés par un nombre incalculable d’ouvrages qui proposaient
d’infinies variations sur le titre du romancier français. À partir d’une étude approfondie de la
réception du célèbre roman de Sue et de toute la littérature des « mystères » dont il a été à l’origine
en France, en Grèce et en Grande-Bretagne, cette thèse s’interroge sur la place qu’il convient
d’accorder, dans l’histoire culturelle, à cette « mystériographie » compulsive qui promettait aux
lecteurs de leur révéler les secrets non seulement du monde contemporain, mais aussi de l’histoire,
de la science, de la politique etc. Tout en questionnant les conclusions d’une critique prolifique sur
le phénomène qui en fait un genre spécifique du domaine romanesque paralittéraire, cette thèse
plaide pour une approche plus globale. Pur produit d’une culture médiatique vouée à la
représentation du monde, la « mystériographie » se présente comme le creuset d’un nouvel
imaginaire de la lecture appelé à devenir dominant avec l’entrée progressive des pays européens, à
partir des années 1860, dans la culture de masse : mêlant ancrage dans le réel et sensationnalisme
outrancier, la « fiction mystériographique » semblait cristalliser les poétiques qui se situaient au
cœur des lectures du plus grand nombre.
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